Economique et Social
Paru dans l' édition du mercredi 25 juillet 2007
L'hôtel des Gens de mer ne sale pas la facture
Les navigants ne représentent plus qu'un tiers des clients. Ici, l'hôtel des Gens de mer de Lorient. : Jérémie About
Essayez une formule d'hébergement et de restauration originale, dans une ambiance maritime. Et au profit des oeuvres sociales de la mer.
Avez-vous essayé les hôtels des Gens de mer ? Il n'est plus besoin d'être marin pour fréquenter ces établissements associatifs, naguère réservés aux navigants. C'est même la fréquentation des non maritimes qui permet à cette chaîne qui sent bon le vent du large de moderniser ses hôtels. La Rochelle a été agrandi au printemps. Brest se dote de chambres supplémentaires. Dunkerque sera en travaux, cet hiver.
Ouverts à tous
Après la guerre, l'État a créé des foyers dans des zones portuaires traditionnelles, dans le cadre d'une convention maritime internationale de 1947 sur le bien-être des marins. De nombreux autres pays maritimes ont fait de même à l'époque. La gestion a été confiée à des associations ou à des mouvements caritatifs religieux.
Les hôtels français ont failli mettre la clé sous la porte, il y a à peine dix ans. Moins de marins, des escales plus courtes : la fréquentation était en chute libre. Plusieurs sites ont même été vendus (1) pour renflouer les comptes du gestionnaire, l'Agism. L'accès à ces Maisons des gens de mer était alors limité aux navigants, avec parfois une certaine tolérance.
Pour éviter l'effondrement du réseau, l'Agism, en 2000, a ouvert officiellement les hôtels au grand public. Il paie un peu plus cher que les marins. Mais les tarifs sont très compétitifs. « C'est le succès, se réjouit François Benhamou, directeur de l'Agism. Les navigants, porteurs de livrets maritimes, ne représentent plus qu'un tiers de la clientèle et bénéficient d'une remise de 25 % sur les tarifs publics. Un autre tiers est assuré par des ressortissants des milieux portuaires. Les autres clients n'ont aucun lien avec les professions de la mer, mais apprécient l'atmosphère particulière de nos hôtels et restaurants. »
Des deux étoiles
D'autant que certains sont extrêmement bien placés, en centre-ville, dans des quartiers reconvertis à la plaisance (Dunkerque) ou devenus branchés (Brest). Après rénovation, tous bénéficient des deux étoiles de l'hôtellerie traditionnelle. Qui ne considère plus les « Gens de mer » comme des concurrents déloyaux, mais comme des confrères.
L'Agism fait même des bénéfices. Ils servent à financer le volet social de son activité. Des Seamen's club, foyers d'accueil pour marins étrangers en escale. Et le prêt gratuit de salles de réunions au profit de la vie collective et associative du monde maritime.
Raymond COSQUÉRIC.
(1) Il reste Dunkerque, Boulogne, Le Havre, Brest, Concarneau, Lorient, La Rochelle et Marseille.