Ça y est, je réponds enfin ! (je viens de voir en rentrant du travail que j'avais oublié de déconnecter !). Pour savoir qui parle patois dans les Hautes-Vosges, c'est difficile, voici pourquoi. En Lorraine, on a coutume de dire que le patois ne se parle plus depuis 1930 : c'est vrai pour mon village natal, ma trisaïeule, décédée en 1930 était une des dernières à s'exprimer uniquement en patois lorrain alors qu'à Clayeures, le village à 3 kms de là, quelqu'un m'a assuré que son oncle lui parlait encore patois dans les années 60. La grand-mère de Drouville (54) chez qui j'allais les dimanches pour apprendre à le parler ne l'employait qu'avec son frère (ils étaient les deux derniers patoisants du village). Elle est décédée en 2000, comme d'autres patoisants du Lunévillois que je connaissais. Mais en 2011, pour le livre "Langues de Lorraine - Tome 1 : Patois Lorrain", j'avais écrit quelques pages et mis des témoignages dont 1 d'un jeune d'Athienville de 30 ans que je connaissais. Dans son témoignage, il dit qu'il avait souvent entendu les vieilles personnes parler patois, qu'il l'avait appris avec sa grand-mère et avait toujours autant de plaisir à le parler avec elle. Mais je pense qu'Athienville doit être un cas isolé. Dans les Hautes-Vosges, on le parlait encore au début des années 50 mais là, cela dépend aussi des villages et des personnes, certains - villages ou personnes - étant plus "patois" que d'autres. Dans le groupe de patois de Neuvillers-sur-Fave, il y 6/7 bons patoisants, les autres comprennent le patois. En fait, les leçons de notre prof servent à préparer la pièce de théâtre qu'ils jouent chaque année à Neuvillers. Les premières années, tout était en patois mais seuls les spectateurs âgés comprenaient, donc maintenant c'est une pièce de théâtre en patois et une autre en français régional et aussi quelques histoires en patois à l'entracte. Mais comme le dit Kerdehoret, le patois, c'est plutôt dans le cadre familial (exemples ci-dessus) ou privé mais en général, ce sont plutôt quelques phrases qu'une réelle conversation. Le patois peut revenir également sous le coup de l'émotion (colère, énervement, inquiétude), on revient à sa langue maternelle ou bien à la langue qu'on a entendu étant petit : je me rappelle mon père qui disait : y è tojos yèque que n'vè-m' : il y a toujours quelque chose qui ne va pas ou cè n'vè-m', mo feus ? : ça ne va pas, mon fils ? une fois que j'étais malade.