LE COLLIER DE L’HERMINE A François LE QUEMENER
C’est à Pontivy, en 1972, que le Sénateur Georges Lombard succédant au Président René Pléven à la tête du CELIB (Comité d’Etude et de Liaisons des Intérêts Bretons), a eu l’idée, pour lui exprimer la reconnaissance de la Bretagne, de remettre à l’honneur cette distinction créée par le duc Jean IV. C’est en 1381, après la bataille d’Auray, que fut créé l’Ordre de l’Hermine, l’un des plus anciens parmi les ordres militaires et honorifiques d’Europe.
L’idée de donner cette distinction aux personnalités ayant servi la Bretagne, en particulier sa culture, a été reprise par l’Institut Culturel de Bretagne. Depuis 1972 jusqu’à ce jour, quatre-vingt neuf personnes engagées dans le rayonnement de la Bretagne ont reçu le collier. Chaque automne c’est au cours d’une belle et impressionnante cérémonie que le Président de l’I.C.B. en présence des élus, remet aux nominés de l’année le Collier de l’Hermine. Celui-ci a été conçu et réalisé à partir de documents anciens par l’orfèvre quimpérois Pierre Toulhoat.
En 1998 notre Chronique des Amis de Pontivy vous faisait part de l’honneur qui avait été fait à un « Baldivien », Henri MAHO, Président de l’Association Breiz Santel qui avait tant œuvré pour la sauvegarde et la mise en valeur du patrimoine culturel breton. Cette année c’est une autre personnalité de chez nous qui en a été honorée, le 22 septembre au Centre Equinoxe de Saint-Brieuc : le Père QUEMENER ! Ah, si seulement, au cours de la cérémonie, vous aviez pu entendre son discours spontané et ponctué de quelques petits airs du répertoire vannetais ! C’était un régal du genre !!!
François Le Quemener est né, en 1934, dans une famille de 10 enfants à Kerlesen au bas du bourg de Neulliac. A la ferme de ses parents on parlait breton et ce breton là l’a accompagné toute sa vie. Cela fait pourtant bien longtemps qu’il a dû quitter son clocher du pays de Neulliac… Comme cela se faisait à l’époque, dès l’âge de 11 ans il entre au Séminaire de Sainte-Anne d’Auray et ma fois, a continué sur cette lancée pour être ordonné prêtre en 1947.
Qui dit « Père Quémener », dit « les Bretons de Paris » ! On peut dire qu’il a fait partie, lui aussi, « des exilés dans la capitale » ! Pendant plus de 30 années il a été en quelque sorte le Curé du « Village de Montparnasse » ! Et quel Curé ! Toujours présent au fond de sa cour du 22 de la rue Delambre (ancien relais de poste)… il en a accueilli de ces jeunes débarquant à Paris ne sachant trop à quelle porte frapper. Les aider à se loger, à trouver du travail et surtout à rencontrer d’autres jeunes, voilà ce à quoi il s’est employé avec une bonhomie qui n’appartient qu’à lui. Un prêtre atypique peut être, mais quel prêtre ! Un de ceux qui a fait chaud au cœur de tous ceux qui l’ont approché. Il savait être à l’écoute et la Mission Bretonne qu’il dirigeait se voulait ouverte à tous, croyants ou pas et son franc-parler en a remontré à plus d’un !
Voici ce que dit à son sujet la Revue « LIZHER ‘ Minig » de l’Institut Culturel de Bretagne dans sa présentation des quatre élus pour le Collier de l’Hermine de cette année :
« Au sein de la Mission Bretonne, dont il prend la direction en 1970, il a pour fonction d’accueillir les jeunes Bretonnes et Bretons qui arrivent à Paris, de les aider à s’intégrer dans un monde nouveau et à lutter contre l’alcoolisme, la prostitution et le chômage. Il s’occupe avant tout d’aider ces jeunes à garder la foi tout en s’appuyant sur leur besoin de conserver leurs racines. C’est en effet à Paris qu’il prend conscience de ce qu’est une identité, bretonne ou autre, et se donne pour mission de maintenir la richesse culturelle bretonne au sein de la communauté bretonne dans la capitale, mission assurée jusqu’en 2003. Revenu à Hennebont, il n’en est pas moins actif au sein du Groupe d’Animation Paroissial ».
Nous ne pouvons qu’être heureux et fiers, pour lui et avec lui, de cette haute distinction qui lui a été faite avec cette remise du Collier de l’Hermine. Encore faut-il dire, que cette fierté, lui, ne l’a pas effleuré un seul instant…du haut de ses 83 ans, il nous est arrivé, sans tambour ni trompette, pour l’heure de la remise du Collier, seul au volant de sa petite voiture …
Message reçu de Françoise Renac-Cordeau