Coiffes et costumes de Hennebont et ses environs

Bonjour,

Cette photo fait partie de mes archives familiales et date environ de 1896. La jeune fille en haut, au milieu, est mon arrière-arrière-grand-mère.



Elle n'est pas très nette, malheureusement, mais je pense qu'elle permet de voir bien des détails.

Comment peut-on expliquer les différences de coiffe des trois jeunes filles, en haut ?
Les jeunes filles de gauche et de droite sont soeurs et natives d'Hennebont (ce sont les filles de l'homme assis, et les soeurs des deux enfants).
Mon arrière-arrière-grand-mère, ainsi que sa mère en bas, sont natives de Brandérion.
Il s'agit de commerçants vivant à Hennebont à la fin du XIXe siècle.

Existe-t-il des différences notables entre les coiffes et les costumes d'Hennebont et de Brandérion ?

Je vous remercie par avance de votre aide.

Bonjour,

Très beau document !!!

Je pense qu'à l'époque de cette photo, les modes d'Hennebont et de Brandérion sont déjà différentes. Certes, elles appartiennent toutes les deux au groupe dit "de Lorient" mais la coiffe d'Hennebont n'a pas les deux petites ailes de la sous-coiffe, petites ailes que l'on distingue parfaitement sur la jeune fille au centre et sur la femme assise.
On peut aussi remarquer que les Hennebontaises portent un costume plus "citadin" (sorte de "jabot" à pampilles) et visiblement aisé. Ce que peut confirmer le fait qu'il s'agisse de commerçants d'Hennebont. La belle chaîne de montre de l'homme en atteste également comme aussi la qualité et le style des vêtements des enfants.
Ce qui est aussi intéressant, sur ce document, ce sont les tabliers : les bavettes ne semblent pas monter au-dessus des épaules comme ailleurs dans le pays de Lorient. Sans doute est-on ici dans une région frontalière (Landévant est acquis à la mode de Vannes-Auray).

Merci pour cette superbe photo !!!  

Merci beaucoup pour cette réponse très complète.
Je découvre des éléments que je n'avais pas vus dans la photo.
La chaîne et la montre font partie, il me semble, du costume breton, mais la profession de l'homme (horloger) explique aussi certainement la présence de ces objets.

Si les photographies de cette région vous intéressent, je peux vous en mettre deux supplémentaires (et joindre une petite question à la deuxième)



Vous pouvez reconnaître la jeune fille (mariée) et sa mère, présentes sur la photo précédente. Le couple en costume est composé de sa soeur et de son beau-frère. Elle date de 1900.





Cette photo est plus complexe parce que la dame (mon arrière-arrière-arrière grand-mère, née en 1840) est enveloppée dans un châle. Elle porte bien, elle aussi, une coiffe d'Hennebont ?


Si vous voyez des choses à dire sur ces photos, n'hésitez pas. Je ne m'y connais pas du tout et vous pouvez être sûrs de m'apprendre des choses !

Bonjour, très intéressantes vos photos de les partager avec nous!!

Oui, votre arrière arrière grand-mère porte aussi une coiffe dite de Lorient mais qui se portait aussi à Hennebont/Languidic. On la reconnait aisément grâce à ses deux "fils" appelées barbes qui plus anciennement encore servaient à nouer la coiffe sous le menton. Ce sont des restes de ces mentonnières. Vous les retrouvez par exemple sur cette coiffe postérieure à celle de votre arrière/arrière grand mère
https://www.flickr.com/photos/50546819@N06/5033545134

Le col qu'elle porte n'est pas caractéristique de costume breton Lorientais mais est une adaptation bourgeoise du vêtement.

Merci à vous pour ces retours, surtout !
Effectivement, la vieille dame a intégré petit à petit un milieu très bourgeois (c'est la mère du marié et des deux jeunes filles vêtues de façon citadine, "mod ker", ci-dessus). Cela dit, je n'aurais jamais pu voir seule qu'elle avait un col bourgeois, donc je vous remercie.

Sur la photo au-dessus, la photo de famille avec les mariés à droite, on m'a aussi précisé que le marié est un "gars de la côte" (Plouhinec, en l'occurrence).

Bonjour !

Clydwenn a écrit:

Cette photo est plus complexe parce que la dame (mon arrière-arrière-arrière grand-mère, née en 1840) est enveloppée dans un châle. Elle porte bien, elle aussi, une coiffe d'Hennebont ?

Oui, elle semble bien porter la coiffe d'Hennebont, sans les ailettes de la sous-coiffe. Comme le précise Mykky, la coiffe comporte encore les liettes qui disparaîtront ensuite, faute de servir encore à quelque chose. Mais ces liettes ne sont pas spécifiques à Hennebont ; on les trouvait partout dans l'aire lorientaise, Groix comprise. Tout au plus peut-on avancer qu'elles se sont maintenues un peu plus longtemps dans la partie orientale de l'aire. Donc à Hennebont, mais pas seulement.

Quant au châle, c'est tout simplement parce qu'elle est en costume de travail et qu'on est en saison froide. Ce châle n'a rien de spécifiquement lorientais ; il n'est pas non plus une pièce indispensable. Juste une pièce confortable et douillette ! Dessous, elle porte vraisemblablement un costume simple (on aperçoit une manche) mais on portait aussi très souvent un caraco noir boutonné devant. Sans doute porte-t-elle également un mouchoir noué autour du cou. Le tablier pouvait ou non comporter une bavette montante. Ici, on ne peut le déterminer mais juste émettre l'hypothèse qu'avec une camisole, le tablier comporte forcément un devantier. C'est avec le caraco que le tablier peut ne pas avoir de devantier.

Clydwenn a écrit:

La chaîne et la montre font partie, il me semble, du costume breton, mais la profession de l'homme (horloger) explique aussi certainement la présence de ces objets.

La chaîne de montre (pour l'homme) et le sautoir (pour la femme) n'ont rien de spécifiquement breton : ce sont des bijoux courants à l'époque tant dans la mode citadine que dans les modes paysannes françaises (et donc bretonnes). On peut néanmoins supposer que la profession d'horloger a dû faciliter l'acquisition d'un tel bijou. Mais cela signifie juste que la personne est aisée. Cela ne détermine ni son origine géographique ni sa profession.