Voici un texte que j'ai écrit il y a plus de quatre ans, j'étais allé passer quelques temps chez mon fils qui habitait le sud Finistère. J'espère que mon texte n'est pas trop long et que certains d'entre vous le liront jusqu'au bout.
Nous sommes mardi 5 septembre, il est 6 heures 30 et comme d'habitude, je suis réveillé. A Brest c'est l'heure où je me lève, j'allume mon ordinateur, j'écoute les infos sur i-télé, je prépare le petit déjeuner, mais ici il n'y a pas de télé, pas de radio il y a bien un ordinateur mais comme c'est celui de mon fils j'ai décidé de ne pas m'en servir. Le chat est rentré de sa virée nocturne, il a même cassé une petite croûte, j'ai entendu le couvercle de sa gamelle se refermer. Mon épouse lui a acheté il y a quelques temps une gamelle sophistiquée, il met sa patte sur une sorte de pédale, le couvercle se lève, lorsqu'il a fini il part et le couvercle se referme. Un peu le principe de la poubelle de salle de bain. Mon fils a mis plusieurs jours à lui expliquer comment que ça marche, maintenant il se débrouille comme un chef. Le chat du voisin a trouvé tout seul le mode d'emploi. Le seul inconvénient c'est que couvercle en retombant fait un sacré boucan, c'est sans doute ça qui m'a réveillé. Comme je vous disais au début du message, nous sommes mardi, c'est à dire mon deuxième jour au bord de la mer. C'est ici que pendant longtemps je passais mes vacances en famille, c'est ici que mes enfants ont apprit à faire de la voile. Hier nous avons eu un temps de cochon mais comme la météo nous annonce du beau temps, acceptons en l'augure. Puisque je suis réveillé je descends au salon, j'ouvre les volets et je vois que le ciel est bien dégagé. J'enfile un blue jean, un tee shirt et des sandales et je vais me promener sur la plage, c'est à quelques dizaines de mètres. Il fait un peu frais, le jour ne va pas tarder à se lever, mais on voit bien les étoiles. Arrivé sur la plage je m'arrête tant le spectacle est magnifique. On entend le bruit du ressac et les oiseaux marins qui font du barouf au bord de l'eau. Il fait trop sombre, je ne les vois pas mais ils sont nombreux. La visibilité est bonne, on voit bien tous les feux de la baie, pour commencer ceux du chenal du port. Ils sont sur deux bouées un rouge et un vert, puis il y a un feu rouge sur la jeté et un vert sur l'autre jetée. Pour entrer dans le port c'est facile, il suffit de laisser les feux rouges à bâbord et les feux verts à tribord. Pour sortir c'est l'inverse, facile non?
Sur ma gauche je vois les lumières de la ville de Concarneau, j'aperçois même les feux du chenal un rouge et un vert bien sûr. Il y en a un qui s'appelle Men Fall, l'autre je ne m'en souviens plus. Il y a un grosse balise verte qui n'est pas éclairée qui s'appelle Le Cochon. Elles ont des drôles de noms les balises, elle portent souvent le nom de la roche la plus proche. Et les roches appelée aussi "basses"ont également un nom. Plus loin j'aperçois le feu de Minaouet, c'est une petite anse où on allait de temps en temps quand je faisais de la croisière côtière, puis le phare de Trévignon. Trévignon est un charmant petit port de pêche mais son accès est délicat, je ne m'y risquerai pas par gros temps. Mais par beau temps on peut y rentrer de nuit grâce à son feu à secteur. Lorsque vous êtes dans le secteur blanc, c'est clair, vous pouvez avancer sans risquer de heurter une roche, mais si vous passez dans le secteur vert, pas de blague, vous êtes trop au sud, la barre à bâbord, revenez dans le secteur blanc et si le feu passe au rouge c'est l'inverse, barre à tribord. Vous voyez c'est facile mais allez y prudemment quand même. D'où je suis je vois son secteur rouge.
En pleine mer, le phare de Penfret, une des îles des Glénan nous envoie un éclat rouge tout les cinq seconde. Il est à 11 miles nautiques environ 20 km mais comme il est très puissant on a l'impression qu'il est tout près. Par contre je ne vois pas Linuen à la pointe de Beg Meil mais le feu de cette balise est tellement faible qu'il faut être dessus pour le voir.
Il fait maintenant presque jour, le soleil n'est pas encore levé mais il n'y a plus beaucoup d'étoiles. On voit très bien la côte et on aperçoit même les Glénan. Les premiers bateaux sortent du port, je me décide à longer le chenal qui mène au port de plaisance, je passe la jetée et descends jusqu'à l'eau. C'est le défilé, les bateaux se suivent, ce sont de petites unités de 4 à 6 mètres, en bois, en plastique, avec cabine, sans cabine, avec pour la plus part une seule personne à bord, parfois deux. Les riches propriétaires des yachts ne sont pas encore réveillés. Il a un d'entre eux qui me plaît bien, c'est un "canot breton" en bois de cinq mètres environ, pas de première jeunesse mais bien entretenu, blanc avec un liseré bleu. Son capitaine pas de première jeunesse non plus est habillé d'un pantalon en ciré jaune, d'une vareuse bleu marine et d'un casquette de marin. Son moteur fixe est très lent, teuf teuf teuf...et me fait penser au moteur diesel mono cylindre que l'on trouvait dans nos campagnes sur les machines agricoles au milieu du siècle dernier. Teuf teuf teuf..on les faisait démarrer en avec un volant, ça toussait un peu au démarrage mais une fois parti ça ne s'arrêtait plus. teuf teuf teuf... Je préfère le bruit de ce moteur au bruit des moteurs hors bord qui eux me font penser au moteur des mobylettes qui traversent nos villes de préférence la nuit. A l'avant du bateau il y a un chien, un épagneul, les deux pattes hors du bateau, regardant droit devant lui. Je me demande lequel des deux est le plus heureux. Ils sont suivis par un voilier, un bateau que je connais bien, il fait 7 mètres 60 de long. Le skipper tient la barre d'une main et son téléphone portable de l'autre. Les mobiles ont trouvé leur place sur les bateaux de plaisance. Moi qui suis sur terre j'envie un peu ces hommes, il vont passer quelques heures sur l'eau, ils ont tous en commun la passion de la pêche et l'amour de la mer.
Je crois que j'ai prolongé un peu plus longtemps que prévu cette sortie matinale, mon amoureuse va se demander où je suis passé. Le chien de voisin vient à ma rencontre. C'est un ratier, blanc avec des taches noir. Il aboie bruyamment, je me demande s'il m'engueule ou s'il me dit bonjour. J'opte pour la deuxième hypothèse, je lui dis qu'il est le plus beau des chiens et d'autres paroles aimables, à la façon dont il remue la queue je vois que je ne m'étais pas trompé.
Je vais déjeuner.
Sujet: Promenade matinale 