Possessif hoh + l ou m

Dans les parlers bretons du Poher du sud (au moins ceux de Cléden et de Carhaix, que je connais bien), la forme du possessif de la deuxième personne du pluriel est hoh "votre, vos" devant les consonnes l et m :

"Yeo" lar-heñw "é hoh lost !" lar-heñw diñ
"Si" dit-il "c'est votre queue !" me dit-il (Cléden-Poher)
https://brezhoneg-digor.blogspot.fr/2016/03/ar-veukenn-ar-gegenn-hag-ar-rioteres.html

Pe-oad é hoh mamm ?
Quel âge a votre mère ? (Carhaix)
https://brezhoneg-digor.blogspot.fr/2017/10/brageier-tokeier-rochidi-chupennou.html

Comment ce phénomène s'analyse-t-il ? S'agit-il d'un [h] suivit d'un [l] ou d'un [m] ou bien sont-ce les consonnes l et m qui deviennent [l̥] et [m̥] (l et m forts) par mutation renforçante ? Écrire hoh lost et hoh mamm, est-ce la façon de faire la plus adéquate ou vaudrait-il mieux écrire ho lhost et ho mhamm ?

Pour moi c'est une mutation durcissante des r, l, m, n, tout comme cela se produit sur toutes les autres consonnes.
Le "ho" durcit le d en t, pourquoi ne durcirait-il pas aussi les l, m, n, r?

Moi je n'écrirais pas "hoh mamm", parce que déjà, le h n'appartient pas au possessif, c'est juste un changement de la consonne suivante (on n'écrit pas "hoh dent", mais "ho tent"...).
Deuxièmement, on n'a pas le même effet sonore dans tous les autres cas où on a un -c'h devant un m, n, r, l. Le c'h devant ces consonnes se prononce plus comme un r français (c'h sonorisé, en gros). Du coup mieux vaut ne pas écrire identiquement deux choses qu'on prononce différemment. Il y en a qui écrivent "hoc'h mamm" par exemple, mais pour moi c'est une erreur. Quand on compare:
hoc'h mamm
et
moc'h mad
la prononciation du c'h n'a rien à voir.

Raison de plus pour écrire soit "ho mhamm", soit "ho hmamm"...
D'ailleurs il faudrait aussi écrire "ho hyer" (ou "ho h-yer", etc) si on suit la même logique. D'ailleurs, c'est comme ça qu'on écrit dans toutes les autres langues celtiques, on préfixe le h, on ne le colle pas à la fin du possessif...

Merci pour ta réponse, la comparaison entre ho mhamm et moc'h mad montre de façon très convaincante qu'il ne s'agit pas d'un phénomène de sandhi, mais bien d'une mutation à noter comme telle. J'ai tout de même l'impression qu'il y a plus de consonnes susceptibles de subir la provection en bas-vannetais qu'en centre-breton. Je n'ai encore jamais entendu de r, de n ni de y fort, mais peut-être que ça viendra.

Je vais essayer de faire un spectrogramme de ho mhamm avec Audacity. Normalement, on devrait bien voir la différence entre les deux m. Le premier doit être plus court et ne pas présenter de barre de voisement.

Citation :

Merci pour ta réponse, la comparaison entre ho mhamm et moc'h mad montre de façon très convaincante qu'il ne s'agit pas d'un phénomène de sandhi, mais bien d'une mutation à noter comme telle. J'ai tout de même l'impression qu'il y a plus de consonnes susceptibles de subir la provection en bas-vannetais qu'en centre-breton.

Ca se fait aussi à St-Nicolas du Pélem (cf articles et thèse de Humphrey L. Humphreys sur Bothoa)... et à ma connaissance, dans le pays de Quimperlé aussi.