Le Cimetière de Bateaux est une fin naturelle, voulue et non disruptive. La décision de mener un navire au Cimetière de bateaux doit être lente et réfléchie. Elle est par définition irréversible.Le CIMETIERE DE BATEAUX est terre de rites et de mémoires , il est donc soumis à l’usage de REGLES, tout comme les Règles existent sur les navires, tant qu’ils sont en vie
Il suffit de se promener sur les grèves de la Rance à marée basse pour voir encore de nombreuses épaves de bateaux . Ils sont le fruit d’un droit coutumier, d’une tradition ininterrompue par laquelle des marins ont toujours voulu voir échouer pour l’éternité sur une grève leurs vieux compagnons.
Les navires, tout comme les hommes , finissent toujours par reposer sur les fonds, soit par l’accident du naufrage soit par vieillesse. Le marin, lorsqu’il songe à conduire son navire sur une grève, obéit à un devoir d’inscription et fixe dans le sable une stèle , il fait de son navire un Mémorial ; il ressent que son navire, tel le fauve ou le sage, souhaite mourir seul dans la montagne.
Ce devoir de mémoire est individuel et n’est causé par aucune culpabilité , aucune obligation. Mais il est avant tout collectif, on ne peut s’y soustraire et le marin, en y souscrivant, obéit à une force inconsciente.
Cette confrontation de l’homme face au navire qui refuse de s’effacer appartient à notre histoire et doit imposer le respect.
Le cimetière à bateaux est utile au patrimoine maritime lorsqu’il est déjà trop tard pour le sauvegarder ou que sa sauvegarde est impossible. A quoi bon vouloir tout faire revivre, laissons la mort faire son devoir.
Le cimetière à bateaux ne nuit pas à l’environnement , tout comme le cimetière du village, il se situe en rond autour de l’Église, au cercle de nos préoccupations.
Le cimetière à bateaux est composé de strates mémorielles, chaque navire venant se coucher sur une épave déjà enfouie. Il est aussi transversal, car il nous concerne tous et traverse les générations. La question reste le choix de ce lieu de mémoires.